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Ma Premiere Traversée

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Message par coyote Mar 23 Déc 2014 - 10:59

Ma première traversée
Ça y est depuis quelques mois le sac a été mis à terre pour raison de santé. Mon Coyote, troisième du nom est vendu. Aussi cela me donne plus de temps pour parcourir forums et blogs concernant les voiliers, la plaisance et même de regarder encore les catalogues d’accastillages.
C’est un bon univers où maintenant les autres me font naviguer.
Pourtant un jour sur un blog, où je lis surtout les récits des traversées, et là  à la fin de son récit très court, cette phrase : «  on a traversé ! Ah bon ! ».
Cela me parait incroyable que l’on puisse faire une traversée, la résumer en vingt  lignes et de conclure par un …On a traversé ! Ah bon !
Alors, je me suis mis à réfléchir et à me rappeler comment cela avait été pour nous, Danièle et moi. Je n’ai pas eu à me creuser la tête bien longtemps parce que cette traversée elle est toujours présente dans ma tête tellement elle fut extraordinaire : pleine d’émotions, de craintes, de peurs, d’un dépassement de soi et surtout la découverte d’un grand respect pour cet océan qui nous a donné la plus belle des leçons… Vivre en harmonie avec lui.
Nous sommes aux Galápagos depuis quinze jours et les derniers préparatifs pour la grande traversée se font dans une ambiance  plutôt fiévreuse.  
Le  Coyote a fait un maximum de provisions à Panama : oignons, pommes de terre, oranges par sac de vingt kilos qui ont envahis la cabine avant, avec les conserves, le lait et la boisson : l’eau, le vin, le rhum.
Je me suis aussi procuré à Panama soixante dix cartes du Pacifique en photocopie dont une bonne partie sont estampillées obsolètes, ou du même genre mais en anglais. J’ai acheté une vraie carte de tout le Pacifique et le livre des feux. Une carte peut être fausse mais jamais la position d’un phare.
Le monde change, il y a maintenant à bord du Coyote un pilote automatique et une petite boite avec un petit écran où s’affiche deux lignes de chiffres : la longitude et la latitude.
Le Coyote est un bon bateau, il y à bord un tas de petites choses pour parer à un maximum d’imprévus, son moteur est neuf et a été changé il y a peu de temps. Seules les voiles sont d’origine mais j’ai un jeu de voiles neuves  au cas où.
Ça y est, c’est le jour du grand départ. Maintenant on sait que l’on a épuisé toutes les raisons et prétextes de rester encore près de la terre et de sa sécurité.
L’océan est immense, sur la carte on en voit pas le bout, pour voir l’autre côté, il faut se pencher sur le côté de la table à carte. C’est tout juste si on ne se pose pas la question : Est-ce que c’est vrai ?  Y a-t-il bien une fin avec des terres et ces iles minuscules… Serons-nous sûrs de les trouver?
Il est cinq heures de l’après midi, le Coyote pointe son étrave vers l’ouest depuis maintenant douze heures et les dernières images de la terre sont celles de l’ile Isabella avec ses hauts volcans déjà noirs sur l’horizon. Demain matin nous serons seuls, notre horizon sera plat et sans fin.
Nous avons pris comme d’habitude notre ti ‘punch en regardant le soleil se coucher, puis pris le souper et nous nous répartissons les quarts pour la nuit.
Elle ne sera pas plus anxieuse que ça, pour la simple raison que l’on sait pertinemment que l’on peut encore faire demi-tour, que l’on peut encore renoncer. Elle se passera bien, un peu comme bien d’autres que l’on a déjà vécues.
Puis, il y a eu le deuxième, puis le troisième jour, toujours avec ce  même état d’esprit : tout va bien mais s’il le faut il est encore possible de retourner.
Tout a changé au quatrième jour. Plus question de revenir contre vents et courants. Les habitudes furent, elles aussi, changées. Maintenant il faut survivre, il nous faut une autre mentalité, nous sommes seuls au monde et pour combien de temps… on ne le sait pas, on ne sait plus. Il n’y a plus de repères, personne à qui parler, que des instruments qui nous guident.
Sur la carte les deux petits arcs de cercle qui se croisent pour marquer notre position sont si petits et si rapprochés que cela nous donne l’impression que ce voyage sera  sans fin.
Puisque nous sommes là pour longtemps, alors mettons tous les atouts  de notre côté pour faire cette traversée.
Le Coyote est le premier à nous mettre en confiance, il suit son bonhomme de chemin sans demander de grandes manœuvres. Le pilote automatique toujours aussi fidèle et sûr. Les instruments mécaniques donnent à cinq milles près les mêmes données que l’électronique.
Les quarts sont de plus en plus espacés, les nuit sont bonnes et reposantes, les petits déjeuners toujours pris au lever du jour et sont très appréciés. Tous les repas se prennent dans le cockpit.
On entend la mer, on veut voir la mer, on ne veut plus la quitter des yeux.
Maintenant elle nous nourrit : dorades, thons, et même un petit marlin d’un mètre quatre-vingt viendront agrémenter nos repas tous les jours, reléguant les conserves dans les coffres.
D’abord crus avec citrons, puis plus tard, quand il n’y a eu plus de citrons, du vinaigre. Puis aussi crus, écrasés avec huile d’olive et ail, le tout beurré sur une tartine de pain griller pour faire passer le ti’punch.
Puis une partie coupée mince, salée légèrement et mise à sécher sur le pont au vent et au soleil.  Le soir même mit dans un sac de pastique pour agrémenter aussi les apéritifs. Le reste finit en plein de recettes : rôti piqué à l’ail pour les plus gros, steak au poivre, sauce au vin rouge, frit à la poêle avec ail, frit avec embeurré d’oignons, le dernier morceau finissant toujours dans la salade. Seules la peau, la tête et les arêtes retournent à la mer. Tous les jours qui nous restent, on mangera du poisson midi et soir.
Le Coyote n’est pas très grand, c’est un trente-neuf pieds, plus un pied pour la jupe que je lui ai rajoutée. Aussi comme les manœuvres sont pour ainsi dire nulles. Nous sommes obligés de faire deux fois par jour des exercices.
Il y a aussi la lecture et un jeu de scrabble.
Et surtout il y a l’océan, je passe des heures à  regarder ces longs trains de houle qui viennent soulever le Coyote puis le laissent redescendre dans le creux entre deux vagues pour lui boucher l’horizon et cela recommence cent et mille fois par jours.
Les quarts ne sont plus assurés, après le souper, quand tout est vérifié et en ordre, on se couche. Comme c’est toujours un demi-sommeil, quand on se réveille on vérifie dehors, les instruments et si le sommeil l’emporte on se recouche.
Une nuit, sur les trois quatre heures du matin, je ne dors pas, donc je sors et m’installe derrière la barre à roue pour surveiller la navigation. Le temps est couvert car je ne vois aucune étoile.  Quand tout à coup, tout le ciel et les  nuages s’illuminent d’une lueur verdâtre. Je me dis qu’il doit y avoir  un drôle et surtout un énorme orage électrique quelque part. Quand tout à coup, une énorme boule de feu suivie d’une longue traînée de feu accompagnée de crépitements secs traverse la couche nuageuse  et s’abime  en mer dans bruit de fer rouge que l’on plonge dans l’eau.  
Ben ! J’en reste tout médusé. Même pas la réaction d’appeler Danièle, d’ailleurs tout est déjà fini. J’estime que la chose a dû tomber entre vingt et quarante milles du bateau.
Nous apprendrons un mois plus tard, par un ami qui a fait des recherches, que ce jour là, la N.A.S.A. avait fait revenir sur terre ou plutôt sur mer,  un vieux satellite de quatorze tonnes, et que selon leurs calculs de probabilité que l’engin tombe sur quelqu’un était de un sur x millions. J’ai trouvé que la probabilité  du un sur X million ce jour là était  pas mal près de moi.
 Cela fait maintenant presque dix jours que nous sommes partis. Nous avons pris nos repères, adapté notre vie à la mer, nous dépendons entièrement d’elle. Le vent, la mer, le ciel, les étoiles, tout ce qui nous entoure devient  harmonie avec nous. Nous avons  oublié tout doucement  la vie terrestre.
Nous venons de nous rendre-compte que  nous ne voulons plus arriver.
Nous voulons vivre et revivre, encore plein de jours, ces mêmes moments. Les nuits sous les étoiles, le vent qui nous pousse, le soleil qui nous réchauffe et nous guide. Nous n’avons besoin de rien, nous ne demandons rien et d’ailleurs à qui, nous sommes seuls.
Cette notion c’est comme infusée, comme distillée en nous sans nous en rendre-compte. Nous ne pensions plus qu’il puisse y avoir quelqu’un qui nous attende.
Quand les mille cinq cent milles furent franchis marquant la moitié du chemin, cela nous fit prendre conscience de ce que nous allions perdre.
Il nous restait un espoir tant que la distance qui nous séparait de notre arrivée comportait toujours quatre chiffres. Puis il y eu ce  jour où tout bascula.
Ce jour-là au petit matin, le loch indiquait 955 : trois chiffres. Il fallait de nouveau revenir vers une autre  réalité. La famille et les enfants de Danièle furent les premiers à nous secouer, puis les amis que l’on allait revoir, puis ceux qui nous attendaient aux Marquises et qui étaient partis avant nous.
Et puis on allait aussi voir ces iles de légendes : Les Marquises. On allait revoir la terre, celle que l’on a eu du mal à quitter, celle qui a bien voulu nous lâcher doucement au bout de quatre jours. Elle sera bientôt là pour nous dire… :’’ vous avez réussi ’’.  
Oui nous avons réussi, non pas la traversée de ce bel océan que maintenant bien des crétins traversent sans état d’âme, ni sentiment mais seulement pour arriver le plus vite de l’autre côté, pour faire un score, sans un regard pour lui. Leurs regards, ils le gardent pour les instruments, sur leurs écrans où le bateau navigue sur un océan plat, sans la caresse du vent, sans odeurs, sans le bruit des vagues sur la coque, sans soleil et nuages où la terre tourne  d’un clic.
 
Oui nous avons réussi mais surtout à saisir ce moment qui nous a fait vivre cette autre vie, ce bonheur intense où il n’y a que nous et la nature. Seuls les grands espaces peuvent nous donner ces grands moments.
Il y a la mer qui donne… et qui reprend quand ça lui plaît.
Danièle et Raymond sans Coyote.
 
 Ma Premiere Traversée 1er_vo11
 
  
 
  
 
 
  
 
 
  
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Message par Koffi Mar 23 Déc 2014 - 11:33

Beau récit, vous avez réussi à me faire vivre une belle traversée sur le Coyote.  Ce fut un réel plaisir de vous lire.

Koffi

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Message par paulix99 Mar 23 Déc 2014 - 14:18

MMM... Tu nous fais vivre un rêve dans tes récits... J'en redemande encore et encore!!! Joyeuses fêtes Coyote Smile
paulix99
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Message par Ventura Mar 23 Déc 2014 - 22:55

Superbe expérience, ça fait rêver en effet.
Ventura
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Message par PJ Mar 23 Déc 2014 - 23:07

Je viens de traverser un océan, assis dans mon fauteuil...merci.

PJ
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Message par plume Mar 23 Déc 2014 - 23:13

Merci bien coyote que de rêve tu me fait vivre vite un livre , je mange carrément le texte et ça me fait rêver d'une  traversé ou du moins des vacances sur mon bébé, passe de bonne fête coyote et revient nous avec qui sais une autre histoire
plume
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Message par coyote Mer 24 Déc 2014 - 8:36

Bonjour a toutes et a tous .

Merci  . Oui  je vous souhaite de vivre  une traversée ,sur VOTRE  bateau ,sans bousculer la nature ,c,est a dire un bateau deux voiles ,du vent .
Nous sommes rester deux jours  sans vent ,nous avons ramasser les voiles , régler la barre et les voiles de la grandeur d'un mouchoir et nous avons bouchonner confortablement .Jouant au scrabble ,nageant dans une  piscine sans font ,péchant a la main avec un bout de fil , un hameçon et un bout de pain   les dorade qui venaient se mettre a l,abri sous le  bateau . Quand le vent est revenu , on est repartis . Bien sur il y a eu des petits incident . une vague traitresse qui fait un blesser léger , et un empannage qui fait sauter 7 coulisseaux de grand voile .
 Bonnes fêtes a tous .
coyote
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Message par Régis Mer 24 Déc 2014 - 8:59

Merci magnifique!
Régis
Régis

Messages : 4326
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http://www.hergevoileetpassion.com

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Message par Cap't Don Mario Jeu 25 Déc 2014 - 7:26

Raymond,
 merci pour tes récis qui me font a moi aussi revivre ces grands moments et comme suggéré par les membres tu devrait écrire un livre... tu est doué pour nous faire rêver....comme Antoine cet autre grand navigateur sur BANANA SPLIT
passes de bonnes fêtes
Mario C
Cap't Don Mario
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Messages : 182
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