Ecrivain à la recherche d'infos sur la navigation à voile...

Bonjour à tous,

Ma venue sur ce forum est un peu particulière : je suis écrivain (très amateur !), et pour les besoins d'un concours littéraire, je suis à la recherche d'informations très particulière sur l'art de la navigation à voile.

Où les trouver, si ce n'est sur un forum de passionnés ? Je me suis dit que c'est ici que j'aurais le plus de chance de trouver des oreilles attentive à mes petites lubies.

Mon domaine est habituellement la science-fiction ou le fantastique,
aussi, en général, ma culture scientifique et astronomique suffit à
pallier la majeure partie des difficultés de "réalisme" ou du moins de
"rationalité" ou "plausibilité" que nécessitent malgré tout ces œuvres
d'imagination.

Mais avec cette nouvelle histoire que je commence tout juste, je me rends compte que la navigation est un domaine tout neuf que j'aborde, et je me retrouve bien démuni... Et ce que je tiens à éviter, c'est la "bourde" monumentale en plein récit. (genre : confondre "poupe" et "proue", "babord" et "tribord", ou encore "sabord" et "sextant"...)

Et ce sera aussi la première fois que je m'attaque à un huis-clos : ça, c'est l'aventure !

Voici, en quelques mots, pour simplifier, le décor de l'intrigue : il s'agit d'Histoire-fiction (on ne se refait pas).

J'imagine
donc que les Grecs de l'Antiquité, de la grande période de la domination
d'Athènes, vers le Vème siècle avant JC, avait osé franchir le détroit
de Gibraltar (les fameuses Colonnes d'Hercule) pour naviguer jusqu'aux
Açores (et incidemment avait succinctement exploré les contours
atlantiques de l'Europe et de l'Afrique du Nord).

Mes questions sont donc les suivantes :
Avec les conditions de l'époque :
-
propulsion à la voile "antique" (c'est-à-dire principalement "vent
arrière", mais avec possibilité de louvoyer jusqu'au "bon plein", sans
toutefois autoriser le "près" ou le "vent debout")
- propulsion à la rame si nécessaire
- navigation à l'estime
(utilisation du loch, connaissance de la latitude uniquement, sans
mesure de longitude)

Mes interrogations sont les suivantes :
Quelles sont les
périodes de l'année (ou toute autre condition) et les routes maritimes
envisageables pour effectuer la liaison Açores/Europe et retour (disons que : Europe = du Portugal à la Bretagne, à peu près)
dans des conditions acceptables pour l'époque, c'est-à-dire
- minimiser les risques de mauvais temps, de pot au noir, de dérive, de risque de "manquer" les îles;
- optimiser l'utilisation des vents dominants saisonniers ou des courants marins afin de raccourcir le temps de trajet
- optimiser l'utilisation de la force humaine (c'est-à-dire éviter le plus possible de ramer à contre-courant ou face au vent).

Bien
évidemment, je ne vous demande pas des "chiffres exacts", mais de me
donner par exemple les grandes lignes de voyages aller-retour, tels que
pourraient se les transmettre oralement les rares marins faisant le
voyage 2 ou 3 fois dans l'année, dans le cadre d'échanges commerciaux
réguliers mais secrets.

Par exemple : "Pour les mois de mars à juin, le trajet Açores/Europe
s'effectue par une route au Nord, bénéficiant de tels ou tels
vents/courants qui, sans grand risque et sans trop manoeuvrer, vous
amène naturellement à toucher les côtes françaises à Bordeaux. Pour le retour aux açores , il se fait au mois de septembre, en se laissant porter
par le courant marin qu'on trouve vers la latitude de Lisbonne : il faut
donc caboter vers le sud pour "choper le courant en marche", et garder un oeil sur les Pléïades, visibles cette partie de l'année, de façon à les maintenir à 30° au-dessus de l'horizon, et se diriger plein Nord après douze jours de plein vent. Toutefois cette option contraint à ramer vent debout sur la dernière partie du trajet, et les
risques de grains sont élevés"

Je brode, je brode, bien sûr, mais c'est pour vous faire comprendre... je ne dois toutefois pas être trop loin de ce qui aurait pu se faire à l'époque : connaissance de la météo saisonnières, de repères astronomiques basiques, repère de formations côtières -embouchure d'un fleuve-, etc....

Voilà, j'espère que le caractère "exotique" de ses renseignements ne vous déstabilisera pas trop...

Pour
ma part, même si la mer me fascine, je n'en ai toujours profité que du
côté plage. (chacun à son côté aventurier : le mien, c'est plutôt
l'imaginaire...). Par exemple, cet été, ce sera Royan. ;-)

Merci d'avance pour tout ce que vous pourrez faire pour moi,

Très cordialement,

Paskalo

Vous savez en général les gens de voile d'ici ne sont pas des historiens de la navigation à voile. Votre demande requiert un brin de recherche, et je suis certains que vous aurez quelques réponses intéressantes dans quelques temps. Mais entre temps je pourrais vous suggérer quelques lectures intéressantes: D'abord l'Odyssée, ou il existe quelques descriptions de bateaux, les guerres Puniques ou les invasions par bateau étaient la norme. Mais le plus intéressant serait un ouvrage Américain de l'auteur Tarn, W. W., intitulé : Hellenistic military and naval developments, Éd: Cambridge, 1930. Vous trouverez surement cet ouvrage à la Bibliothèque nationale à Paris.
Je vous dis tout de suite, en partant qu'il ne faut pas confondre sabord et sextant, d'autant que les sextants n'existaient pas à cette époque
Mais la construction navale était impressionnante, les bateaux gigantesques, comme les connaissances empiriques et l'expérience des pilotes de cette époque étaient bien moins primitives qu'on le penserait. Par exemple il me semble qu'ils avaient largement exploré les côtes marocaines et établi des comptoirs de commerce(Achats de bois précieux comme le thuya Marocain, l'huile d'argan certaines épices(le curcuma par exemple) et autres biens précieux comme des minéraux des bois qui ont fait l'objet de négoce depuis longtemps non seulement en Méditerranée, mais au Maroc et au Portugal. Des colonies importantes de Phéniciens, juifs étaient établies au Maroc et au Portugal et elles y ont laissées des traces(dont des conversions en masse de tribus Berbères au judaïsme du Maroc). Donc les Grecs ne sont pas arrivés dans ces coins pour n'y trouver que des sauvages. Les routes maritimes existaient le commerce florissant, les armateurs, les marins les constructeurs de bateaux aussi. Idem les ports.

A la lecture de ta réponse (rapide et pertinente, je t'en remercie), je tiens à préciser ce qui n'apparaît peut-être pas clairement dans ma demande d'informations...

Du point de vue technique (construction des navires : tonnage, performances, techniques disponibles à l'époque), ainsi qu'historique (développement des routes marchandes à travers la Méditerranée, entre les divers peuples), j'ai déjà largement entamé les recherches nécessaires tant sur le net que dans les livres d'histoire (et historiques : tu cites à très juste titre Homère). Sur ce point-là, je ne pense pas a priori avoir de grosses difficultés pour réunir les infos, même si je compte faire valider ensuite certains passages.

Mon questionnement concerne essentiellement les "routes maritimes" disponibles avec les technologies de l'époque : partir d'où et quand partir pour bénéficier de bonnes conditions (vents, alizés, courants, météo).
Des conditions "constantes" qui "assureraient" aux aventureux marins qui se fieraient plus qu'aux éléments (ou aux dieux qui les gouvernent!) qu'à leur techniques limitées pour arriver à bon port, ou du moins sains et sauf d'une rive à l'autre, quitte à caboter ensuite pour rejoindre leur destination exacte.

Par exemple, je sais que dans l'hémisphère nord (celui qui m'intéresse, donc) les alizés soufflent du nord-est vers le sud-ouest (grande généralité dont j'ignore toutefois les possibles subtilités) : donc, s'ils me prenait l'envie d'écrire que mes hypothétiques Grecs "remontent" de l'Atlantique Sud en direction de l'Espagne avec un fort vent arrière, ce n'est plus de l'Histoire-fiction, mais de la science-fiction ! Et c'est ce genre d'erreur que je veux à tout prie éviter ! Prendre des libertés avec l'Histoire, oui, mais pas avec la physique et la géographie !

Sans vouloir répondre complètement sur les modes de navigations, je voudrais corriger certaines perceptions relatives au vents en particulier les alizés. Ces vents ne sont surement pas utiles aux navigations vers les Açores. Ces vents circulent bien dans la direction mentionnée, mais il ne sont générés que la zone qui commence à 20 deg de latitude nord, ce qui est bien trop au Sud pour permettre de joindre les Açores. De plus, un gros anticyclone(zone de haute pression très large située justement aux alentours des Açores bloque toutes dépressions et crée une zone de vents plus légers en général d'ouest. Il existe aussi des vents assez particuliers appelés les Alizés Portugais, étrange phénomène attisé par justement l'anticyclone des Açores. En fait je me demande si vos Grecs Antiques n'auraient pas eu intérêt a profiter des vents d'est le long de la côte du Maroc pour rejoindre les Canaries, pas trop loin et ensuite remonter vers les Açores. Le principal problème que ces trirèmes(était-ce des trirèmes?) c'est leur difficulté à remonter au vent. Mais elles sont aussi propulsées par des gros bras... Alors.
Voici un lien qui pourrait vous aider. http://etoiledelune.pagesperso-orange.fr/voyage/iles_atlantiques/tenerife/canaries_pratique.htm

voici une référence pour la navigation à voile. Routes de Grande croisières. C'est un ouvrage moderne certe mais les routes traditionnelles des voiliers ont toujours tournées alentours de ces grands principes. J'espère que ca aidera !

http://www.4-oceans.com/routes-grande-croisiere.asp

OK, merci pour toutes vos infos : je vais encore potasser, gratter les infos, les bouquins... et je reviendrai s'il le faut !

Bon vent à tous,

Paskalo

Tu auras peut-être de l'information sur ce site:

Le bateau n'est pas le même mais ils ont bien documenter ce à quoi ressemblait une traversée sans instrument.

http://www.sansboussole.com/